La répression ne visait donc pas seulement les « ennemis » politiques et de classe. La religion, caractérisée comme « l’opium des peuples », semblait une menace plus réelle et plus importante que celle que représentaient les politiciens et les intellectuels. Si l’Église orthodoxe, fidèle à son idéal de soumission au pouvoir, échappe à une persécution directe, l’Église gréco-catholique[29] encaisse les pires coups. En octobre 1948, toutes ses propriétés sont confisquées tandis que plusieurs prêtres et archevêques sont arrêtés.
Le 1er décembre 1948, la loi 358 officialise la suppression de l’Église gréco-catholique et son intégration forcée à l’Église orthodoxe roumaine. Ceux qui refusent l’union sont arrêtés. Environ 600 prêtres et tous les évêques sont emprisonnés[30].
Non seulement les gréco-catholiques sont persécutés, mais les monastères orthodoxes n’échappent pas, eux non plus, à la répression. Des couvents, dont l’activité est considérée comme dangereuse par le régime, notamment pour l’aide qu’ils prodiguent au mouvement de la résistance armée anticommuniste, sont désaffectés, et les religieux et les religieuses obligés de rejoindre le laïcat. Plusieurs personnalités religieuses orthodoxes sont emprisonnées.
L’arrestation de personnalités marquantes de la vie politique, économique et intellectuelle des années 1944-1950 est suivie par l’arrestation de membres de second rang ou de simples sympathisants des partis politiques, d’étudiants et d’élèves qui avaient manifesté, d’une manière ou d’une autre, leur anticommunisme. La nuit du 15 août 1952 semble avoir été une date fatidique dans le calendrier communiste. Des milliers de gens sont arrêtés et jetés dans les chambres d’enquête, voire de torture, de la Securitate.
Le programme des communistes visant à couper tout lien avec l’Occident a également mené à l’emprisonnement de nombreuses personnes condamnées dans des procès d’espionnage. Une quelconque fréquentation de la mission américaine, britannique, française, yougoslave et turque a jeté des centaines de personnes dans les prisons communistes. De simples couturières qui lisaient les journaux de mode à la Bibliotèque de l’Institut français de Bucarest ou des mondaines qui prenaient part aux soirées organisées par l’ambassade turque sont arrêtées et jugées pour des crimes de « haute trahison ». Parallèlement sont fermés tous les centres culturels des pays occidentaux, ceux qui les ont fréquentés étant souvent considérés comme « espions en faveur d’une puissance ennemie », emprisonnés, jugés et condamnés à de nombreuses années de prison.
En s’inspirant du modèle soviétique, les autorités communistes roumaines jugent des « lots » entiers et non pas des individus. Selon F. Beck et W. Godin, ces procès jouent le rôle de « prophylaxie sociale »[31]. Annie Kriegel parle même d’une « pédagogie infernale »[32].
Une autre grande étape de la répression commence en 1956. La révolte des Hongrois inquiète les autorités communistes roumaines. Les manifestations de Timisoara et d’autres villes adhérentes au mouvement de libéralisation du régime communiste lancé par Imre Nagy en Hongrie ont également provoqué le durcissement de la répression en Roumanie. Une nouvelle vague d’arrestations s’ensuit. Plusieurs anciens détenus politiques et de nombreux étudiants sont emprisonnés. Des centaines d’étudiants sont renvoyés des universités. Ceux qui sont condamnés connaissent les camps de travaux forcés de Salcia, Marasu ou/et de Periprava. Cette vague de répression atteint son apogée dans les mois qui précèdent et qui suivent le retrait de l’armée soviétique en 1958[33].
Les persécutions politiques ravagent le pays durant les deux premières décennies communistes. Les prisons et les chambres de torture, les camps de travaux forcés parsèment tout le territoire de la Roumanie. On compte 240 unités de détention, dont 44 pénitenciers, 72 camps de travaux forcés, 63 centres de déportation et de domicile obligatoire. À cela s’ajoutent des endroits où les gens sont assassinés et plus de 100 sièges de la Securitate. Au total, entre 1944 et 1989, la Roumanie communiste compte près de 450 lieux de répression[34].
La torture et le harcèlement sont de mise dans les chambres d’interrogatoire, les prisons et les camps de travail. Néanmoins, deux endroits se détachent parmi les autres, qui inscrivent la Roumanie parmi les pays les plus répressifs de la région : le « phénomène Pitesti » et les travaux forcés auxquels sont assignés les détenus pour la construction du canal Danube-Mer Noire.
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DIN SECȚIUNEA "CAPITOLUL SĂPTĂMÂNII"
Un pays derrière les barbelés. Brève histoire de la répression communiste en Roumanie

Autor: Claudia-Florentina Dobre
Prefață de: Micaela Ghiţescu
Ediție: I
Editura: Fundaţia Culturală Memoria
Anul publicării: 2013
Localitate: București
Lucrarea, Un pays derrière les barbelés. Brève histoire de la répression communiste en Roumanie (Ţara de după gratii. Scurtă istorie a represiunii comuniste în România), abordează începuturile represiunii comuniste aplecându-se asupra diverselor forme sub care aceasta s-a revărsat asupra românilor. Autoarea privilegiază câteva aspecte ale persecuţiilor politice şi anume, fenomenul Piteşti, Canalul Dunăre-Marea Neagră şi deportarea. Lucrarea se încheie cu câteva mărturii ale foştilor deţinuţi politic ce au cunoscut calvarul violenţei politice în închisorile comuniste. Cartea este destinată unui larg public francofon în dorinţa de a face cunoscut calvarul trăit de naţiunea română în perioada de început a comunismului.
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Prin Câmpulung şi pe muscelele lui
Colecție de fotografii realizate de Nicolae Th. Ştefănescu. ”Majoritatea imaginilor lui Nicolae Th. Ştefănescu, realizate în condiţii tehnice foarte bune pentru un fotograf amator, sunt instantanee, de aici şi autenticitatea lor. Nimic aranjat, nimic căutat, totul stă sub zodia firescului şi a cotidianului. Viaţa unui oraş palpită în faţa unui trecător care are mereu în buzunar nelipsitul său aparat de fotografiat Kodak.” (A.S.) La secțiunea CĂRȚI puteți afla despre un volum dedicat fotografului iar la secțiunea EVOCĂRI PERSONALITĂȚI un articol semnat de Adrian Săvoiu.